Pour Chahdortt Djavann, écrivain*, «des femmes comme Ayaan Hirsi Ali, Taslima Nasreen, moi et bien d'autres, mesurons et apprécions la valeur de la laïcité encore plus que ceux qui en ont bénéficié dès leur naissance».
" Je propose que l'Union européenne reconnaisse la fatwa (incitation au meurtre) comme un acte criminel et engage des poursuites internationales contre ceux qui décrètent des fatwas. "
Source Le Figaro - Debats
Ayaan Hirsi Ali fut une des premières femmes d'origine musulmane, sinon la première, qui a défendu ma position sur le voile islamique en 2003. Je fus pour ma part une des premières femmes d'origine musulmane à la défendre sans aucune réserve après l'assassinat de Theo Van Gogh. Elle est pour moi une âme sœur, une compagne intellectuelle. C'est normal, nous sommes toutes les deux d'origine musulmane et toutes les deux nous défendons le droit de critiquer l'islam et ses dogmes. Nous sommes, aux yeux des musulmans croyants, des apostats. À plusieurs reprises, lorsque la possibilité m'en a été donnée, j'ai dit clairement et publiquement ce que je pensais des menaces des extrémistes musulmans, aussi bien lors de la loi contre les signes religieux à l'école que dans l'affaire des caricatures de Mahomet ou des fatwas prononcées contre des individus d'origine musulmane ou non. Je pense que nous sommes face à une épreuve importante. Il relève de la responsabilité de la France de se mettre en avant et de pousser l'Union européenne à défendre et à protéger Ayaan Hirsi Ali.
Je propose que l'Union européenne reconnaisse la fatwa (incitation au meurtre) comme un acte criminel et engage des poursuites internationales contre ceux qui décrètent des fatwas. Le droit de critiquer les religions et leurs dogmes est un droit essentiel, indispensable à l'existence de la démocratie. Des femmes comme Ayaan Hirsi Ali, Taslima Nasreen, moi et bien d'autres mesurons et apprécions la valeur de la laïcité encore plus que ceux qui en ont bénéficié dès leur naissance. La défense d'Ayaan Hirsi Ali est l'affaire des démocraties européennes, mais elle est avant tout l'affaire des intellectuels d'origine musulmane, hommes ou femmes, qui, comme elle, ont eu l'audace, au risque de leur vie, de critiquer l'islam et ses dogmes. Sa sécurité est leur sécurité.
N'oublions pas que le premier à lancer une fatwa contre Salman Rushdie fut Khomeyni, le guide de la révolution iranienne, préalablement accueilli et protégé par la France. Du fait de cette erreur historique et politique, la France a une responsabilité particulière : elle a le devoir de défendre et de protéger les victimes des fatwas. Il appartient à la France de prouver que, au-delà du clivage politique gauche-droite, elle reste la patrie des droits de l'homme.
* Auteur de À mon corps défendant, l'Occident (Flammarion) et de Bas les voiles (Gallimard).
Monday, February 18, 2008
Ayaan Hirsi Ali, ma sœur
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment